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ou de son incarnation dans le sein de la Vierge, communément appelé le jour de l’Annonciation. En remontant ainsi, ils commençaient l’année neuf mois et sept jours avant nous[1]. Il y en avait d’autres qui, prenant aussi le 25 mars pour le premier de l’année, différaient dans leur manière de compter d’un an plein de ceux dont nous venons de parler. Ceux-là devançaient le commencement de l’année de neuf mois et sept jours, et comptaient par exemple l’an 1000 dès le 23 mars de notre année 999: ceux-ci au contraire la retardaient de trois mois moins sept jours, et comptaient encore jusqu’au 24 mars inclusivement l’an 999 lorsque nous comptons l’an 1000, selon notre manière de commencer l’année avec le mois de janvier, parce qu’ils ne la commençaient qu’au 25 mars suivant[2]. D’autres commençaient l’année à Pâques et en avançaient ou reculaient le premier jour selon que celui de Pâques tombait: ceux-ci, comme les précédents, commençaient aussi l’année environ trois mois après nous, tantôt un peu plus, tantôt un peu moins, selon que Pâques tombait en mars ou en avril[3]. Il y en a enfin, mais peu, qui paraissent avoir commencé l’année un an entier avant nous, en datant par exemple dès le mois de janvier l’an onze cent trois, lorsque nous ne comptons que l’an onze cent deux. Voilà les divers commencements de l’année de l’Incarnation que nous avons remarqués dans les anciens[4]. »

Comme l’a remarqué fort justement M. le duc de Luynes dans son Introduction aux Éphémérides de Matteo di Giovenazzo, il est clair que parmi

    l’Angleterre Matthieu Paris au commencement et à la fin de chaque année, et pour le Piémont la collection de chartes publiée à Turin sous le titre de: Historiae patriae monumenta. En Piémont cependant on commençait aussi quelquefois l’année à Pâques. Voy. L. Cibrario, Stor. della monarch. di Savoia, t. II, note au livre IV, où cette question est parfaitement éclaircie. A Rome et à Gênes le commencement de l’année était également fixé à Noël.

  1. Il s’agit ici de l’ère pisane, si connue en Italie, et sur laquelle nous aurons occasion de revenir. Ce fait est établi dans Muratori, Antiq. Ital., t. III, Dissert. XLV; – Meo, Appar. Chronol., ch. I, art. I. – Art de vérifier les dates, t. I, p. 9, not., édit. in-4o.
  2. Tel était l’usage de Florence, de l’Apulie et du royaume de Sicile, comme nous l’apprennent des témoignages incontestables.
  3. Nous n’avons pas besoin de rappeler que ce fut l’usage à peu près constant en France, jusqu’à l’édit de Roussillon (1564), qui fixa le commencement de l’année au 4er janvier.
  4. Art de vérifier les dates, édit. de 1770, p. III et IV.