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poussa plus vigoureusement que les consuls qui l’avaient commencée deux ans auparavant. Cette ville, en qui Rome haïssait une puissance dont elle était jalouse, mais qui, dans ces derniers temps, ne l’avait point offensée, devint, par sa ruine, un monument de la valeur de Scipion, comme elle l’avait été de la clémence de son aïeul. Carthage fut détruite, il y a cent soixante et dix-sept ans, sous ’les consuls Cn. Cornelius Lentulus et Lucius Mummius, après une durée de six cent soixante-sept ans. Ainsi tomba la rivale de Rome. Nos ancêtres entrèrent en guerre avec elle, sous le consulat de Claudius et de Fulvius, deux cent quatre-vingt-seize ans avant le vôtre, Vinicius. Pendant l’espace de cent quinze ans, il n’y eut entre les deux peuples qu’hostilités déclarées, préparatifs de guerre, ou paix infidèles. Jamais Rome, même lorsqu’elle eut assujetti le monde entier, n’espéra de repos tant que Carthage serait debout, tant que son nom ne serait pas éteint. Il est trop vrai que l’animosité née de longues querelles survit à l’inquiétude qu’elles ont inspirée, et résiste même à la victoire. Ce qu’on a longtemps détesté ne cesse d’être odieux qu’en cessant d’être.

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Marcus Caton, dont l’avis constant avait été qu’il fallait anéantir Carthage, mourut trois ans avant la destruction de cette ville, sous le consulat de Marcus Manlius et de Lucius Censorinus.

L’année même de la chute de Carthage, Mummius renversa jusqu’en ses fondements la ville de Corinthe, qui comptait neuf cent cinquante-deux années, depuis sa fondation par Alétès, fils d’Hippotès. On honora les