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nommé triumvir à la place de son frère Tibérius, en même temps qu’il l’associait à son pouvoir royal. Opimius les tua tous deux et le seul acte impie qu’il commit fut de mettre à prix la tête, je ne dirai pas de Gracchus, mais d’un citoyen romain et de déclarer qu’il la payerait au poids de l’or. Flaccus qui, sur l’Aventin, excitait au combat une bande armée, fut égorgé avec l’aîné de ses deux fils. Gracchus s’enfuyait et allait être saisi par ceux qu’Opimius avait envoyés à sa poursuite, quand il tendit la gorge à son esclave Euporus qui fit preuve en se donnant la mort de la même énergie qu’il avait montrée en aidant son maître. Ce jour-là, le chevalier romain Pomponius fournit une preuve éclatante de son dévouement à Gracchus : imitant Horatius Coclès, il soutint sur un pont l’assaut des ennemis, puis se perça de son épée. Par une cruauté inouïe, les vainqueurs jetèrent au Tibre le corps de Caius, comme on avait fait autrefois pour celui de Tibérius.

VII.

C’est ainsi que les fils de Tibérius Gracchus, petit-fils de Publius Scipion l’Africain, du vivant même de leur mère Cornélie, fille de l’Africain, trouvèrent la mort, pour avoir mal usé des dons les plus remarquables. S’ils se fussent contentés des honneurs qui conviennent à un citoyen, tout ce qu’ils s’efforcèrent d’acquérir par les désordres, ils l’eussent paisiblement obtenu de l’État. Ce cruel assassinat fut suivi d’un forfait sans exemple. Le fils de Fulvius Flaccus, jeune homme d’une beauté remarquable, âgé de moins de dix-huit ans et resté étranger aux crimes paternels, avait été envoyé par son père pour négocier un accord. Opimius le fit mettre à mort. Un haruspice étrusque, son ami, l’aperçut lorsqu’on le conduisait tout en pleurs