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des deux Indes.

nous la rendre étrangère ; & l’homme juſte & magnanime eſt par-tout notre concitoyen. Si dans les divers événemens, qui paſſent ſous nos yeux, nous blâmons avec courage ce qui nous paroît devoir l’être, nous ne cherchons pas le triſte & vain plaiſir d’une indiſcrète cenſure. Mais nous parlons aux nations & à la poſtérité. Nous leur devons tranſmettre fidèlement ce qui peut influer ſur le bonheur public. Nous leur devons l’hiſtoire des fautes pour apprendre à les éviter. Si nous oſions trahir un ſi noble devoir, nous flatterions peut-être la génération préſente qui paſſe & qui fuit : mais la juſtice & la vérité qui ſont éternelles nous dénonceroient aux générations à venir qui nous liroient avec mépris, & ne prononceroient notre nom qu’avec dédain.

Dans cette longue carrière nous ſerons juſtes envers ceux qui exiſtent encore, comme nous l’avons été envers ceux qui ne ſont plus. Si parmi les hommes puiſſans, il en eſt qui s’offenſent de cette liberté, ne craignons pas de leur dire que nous ne ſommes que les organes d’un tribunal ſuprême que la raiſon élève enfin ſur un fondement iné-