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exiſte pour nous. Eh bien, puiſqu’il faut combattre, que ce ſoit du moins pour une cauſe qui en ſoit digne, & qui nous paie & de nos tréſors & de notre ſang. Quoi, nous expoſerons-nous à voir nos villes détruites, nos campagnes ravagées, nos familles, tombant ſous le glaive, pour parvenir à conclure un accommodement ; c’eſt-à-dire pour mendier de nouvelles chaînes, pour cimenter nous-mêmes l’édifice de notre eſclavage ? Quoi, ce ſera à la lueur des incendies ; ce ſera ſur la tombe de nos pères, de nos enfans, de nos femmes que nous ſignerons un traité avec nos oppreſſeurs ! & tout couverts de notre ſang ils daigneront nous pardonner ! Ah, nous ne ſerions plus alors qu’un vil objet d’étonnement pour l’Europe, d’indignation pour l’Amérique, de mépris même pour nos ennemis. Si nous pouvons leur obéir, nous n’avons pas eu le droit de combattre. La liberté ſeule peut nous abſoudre. La liberté, & une liberté entière, eſt le ſeul but digne de nos travaux & de nos dangers. Que dis-je ? Dès ce moment, elle nous appartient. C’eſt dans les plaines ſanglantes de Lexington que nos