Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée
280
Histoire philosophique

» Nous-mêmes, ô nos concitoyens, ô nos amis, nous-mêmes nous profiterons de votre exemple. Si notre conſtitution s’altéroit ; ſi la richeſſe publique corrompoit la cour, & la cour la nation ; ſi nos rois à qui nous avons donné tant d’exemples terribles les oublioient enfin ; ſi nous étions menacés, nous qui étions un peuple auguſte, de ne devenir que le plus lâche & le plus vil des troupeaux, en nous vendant nous-mêmes : le ſpectacle de vos vertus & de vos loix pourroit nous ranimer. » Il rappelleroit à nos cœurs avilis, & le prix & la grandeur de la liberté ; & s’il faut que cet exemple devienne impuiſſant ; s’il faut que l’eſclavage, ſuite de la corruption vénale, s’établiſſe un jour dans ce même pays, qui a été inondé pde ſang pour la cauſe de la liberté, & où nos pères ont vu les échafauds dreſſés pour les tyrans ; alors nous abandonnerons en foule cette terre ingrate livrée au deſpotiſme, & nous laiſſerons le monſtre régner ſur un déſert. Vous nous recevrez alors en qualité d’amis & de frères. Vous partagerez avec nous ce ſol,