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des deux Indes.

â gémir de ſes acquiſitions & de ſes triomphes. Écrasée ſous le fardeau d’une dette de 3 330 000 000 livres qui lui coûtoit un intérêt de 111 577 490 livres, elle pouvoit à peine ſuffire aux dépenſes les plus néceſſaires avec 130 000 000 livres qui lui reſtoient de ſon revenu ; & ce revenu, loin de pouvoir s’accroître, n’avoit pas une conſiſtance aſſurée.

Les terres reſtoient chargées d’un impôt plus fort qu’il ne l’avoit jamais été dans un tems de paix. On avoit mis de nouvelles taxes ſur les maiſons & ſur les fenêtres. Le contrôle des actes peſoit ſur tous les biens fonds. Le vin, l’argenterie, les cartes, les dés à jouer : tout ce qui étoit regardé comme un objet de luxe ou d’amuſement payoit plus qu’on ne l’auroit cru poſſible. Pour ſe dédommager du ſacrifice qu’il avoit fait à la conſervation des citoyens, en prohibant les liqueurs ſpiritueuſes, le fiſc s’étoit jeté ſur la drêche, ſur le cidre, ſur la bière, ſur toutes les boiſſons à l’uſage du peuple. Les ports n’expédioient rien pour les pays étrangers, n’en recevoient rien qui ne fût accablé de droits à l’entrée & à la ſortie. Les