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des deux Indes.

vague & ſujette à l’inſtabilité des hypothèſes, qui varient & ſe compliquent avec une infinité de circonſtances trop difficiles à prévoir & à combiner.

Mais le premier fondement d’une ſociété cultivatrice ou commerçante, eſt la propriété. C’eſt-là le germe du bien & du mal, ſoit phyſique ou moral, qui ſuit l’état ſocial. Toutes les nations ſemblent divisées en deux partis irréconciliables. Les riches & les pauvres, les propriétaires & les mercenaires, c’eſt-à-dire, les maîtres & les eſclaves, forment deux claſſes de citoyens, malheureuſement opposées. En vain quelques écrivains modernes ont voulu, par des ſophiſmes, établir un traité de paix entre ces deux conditions. Par-tout les riches voudront obtenir beaucoup du pauvre à peu de frais : par-tout le pauvre voudra mettre ſon travail à haut prix ; & le riche fera toujours la loi, dans ce marché trop inégal. De-là vient le ſyſtême des contre-forces, établi chez tant de nations. Le peuple n’a point voulu attaquer la propriété, qu’il regardoit comme ſacrée ; mais il a prétendu lui donner des entraves, & réprimer ſa pente naturelle à tout en-