Page:Histoire parlementaire de la Révolution Française, tome 2.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Or, la présence des troupes contrarie l’ordre et la paix publique, et peut occasionner les plus grands malheurs. Ces malheurs, notre translation ne les éloignerait pas, elle les aggraverait au contraire.

Il faut donc amener la paix, en dépit des amis des troubles ; il faut être conséquent avec nous-mêmes, et pour cela nous n’avons qu’une conduite à tenir, c’est d’insister sans relâche sur le renvoi des troupes, seul moyen infaillible de l’obtenir.

Personne ne se lève pour appuyer l’opinion de M. de Mirabeau.

M. le président observe qu’il faut prendre une délibération.

M. l’évêque de Chartres. La lettre du roi mérite d’être méditée ; il convient donc d’en faire faire la distribution dans les bureaux ; demain on en délibérera.

Cette opinion n’a pas de suite ; et la discussion tombe d’elle-même.


M. le marquis de La Fayette. Quoique mes pouvoirs m’ôtent la faculté de voter encore parmi vous, je crois cependant devoir vous offrir le tribut de mes pensées.

On vous a déjà présenté un projet de travail sur la constitution. Ce plan, si justement applaudi, présente la nécessité d’une déclaration de droits, comme le premier objet de votre attention.

En effet soit que vous offriez sur-le-champ à la nation cette énonciation de vérités incontestables, soit que vous pensiez que ce premier chapitre de votre grand ouvrage ne doive pas en être isolé, il est constant que vos idées doivent d’abord se fixer sur une déclaration qui renferme les premiers principes de toute constitution, les premiers élemens de toute législation. Quelque simples, quelque communs même que soient ces principes, il sera souvent utile d’y rapporter les discussions de l’assemblée.

M. de la Fayette présente ensuite deux objets d’utilité d’une déclaration de droits.

Le premier est de rappeler les sentimens que la nature a gravés dans le cœur de chaque individu ; d’en faciliter le développement, qui est d’autant plus intéressant que, pour qu’une nation