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se convaincre par eux-mêmes jusqu’à quel point il a été possible à certains hommes d’avoir la crédulité ou la mauvaise foi, de lire, s’ils en ont la patience, tout ce qui a été imaginé au sujet de ces oiseaux dans l’Histoire naturelle et morale des Indes orientales et occidentales, par Acosta ; dans l’Ornithologie d Aldrovende ; ainsi que dans plusieurs autres ouvrages, tels que le Museum Wormianum, les Navigations aux terres australes, et enfin dans la Collection académique d’Olton Helbigius, etc. etc. ; ou mêne, pour plus de facilité, dans Buffon, qui, à l’article des Oiseaux de Paradis, rapporte et combat tout ce que les différents auteurs que nous venons de nommer ont inventé d’absurde et de ridicule sur ces oiseaux, d’après la supposition fausse qu’ils naissoient sans pieds, lorsque, pour se convaincre du contraire, il eût suffi de relever les plumes des flancs de leurs peaux mutilées par les sauvages pour s’assurer que les pieds en avoient été retranchés.

D’un autre côté, quoique nos ornithologues modernes aient reconnu que les oiseaux de paradis avoient des pieds (après les avoir vus cependant, puisque depuis long-temps ils nous sont en effet envoyés avec ces parties), cela ne les a pas empêchés de retomber eux-mêmes dans d’autres méprises, tout aussi impardonnables, en leur assignant des caractères pris de leurs mutilations ; comme d’avoir une petite tête, et des yeux à peine visibles et presque dans le bec ; d’avoir les pieds démesurément disproportionnés à leur taille ; et enfin d’avoir la tête et le col couverts de plumes hérissées, et formant un velours naturel : caractères mal saisis, dont l’apparence n’étoit due qu’à la mauvaise préparation des peaux, et qui n’existent plus quand on voit ces oiseaux dans leur état parfait, tels que nous les connoissons aujourd’hui, et que nous nous proposons de les faire connoitre aux naturalistes.