LETTRE III.
Ce que j’ai pu apprendre de Madame la Comteſſe de Fontaines, c’eſt, Madame, qu’elle étoit la ſille du Marquis de Givri, ancien Commandant de Metz ; qu’elle a épouſé M. le Comte de Fontaines ; qu’elle a laiſſé deux enſans, un gar- çon & une ſille, qui vivoient en 1767 ; & qu’elle eſt morte vers l’année 1748. Nous avons d’elle. deux petits Romans ſort eſtimés, intitulés Amé- nophis & la Comteſſe de Savoye.
Une Reine de Libie avoir ſept ſils, dont un des plus jeunes, nommé Aménophis, inſenſible aux plaiſirs de la Cour, paſſoit les jours entiers dans les ſorêts à pourſuivre les bêtes ſéroces. S’étant égaré par hazard, il ſe trouva ſur le bord de la mer ; & tout occupé de ſes triſtes penſées, il promenoit ſes regards ſur les ſlors, lorſqu’une planche du débris de quelque navire jetta preſ- qu’à ſes pieds un homme qu’il crut mort ; mais s’en étant approché, il remarqua qu’il reſpiroit encore, & s’empreſſa de le ſecourir. Ses ſoins ne ſurent pas inutiles ; l’Etranger ouvrant les yeux à la lumiere, remercia ſon Bienſaiteur d’un ton de voix aſſectueux, qu’une phiſionomie noble & agréable rendoit encore plus attendriſſant. L’ayant ſait tranſporter dans une de ſes maiſons de cam- pagne, il en ſit bientôt ſon ami le plus ſidele, & ſon compagnon inſéparable. Il apprit qu’il s’ap- pelloit Ménécrate, & étoit ſils du Roi de l’Ille du Soleil ; que cette Iſle étoit ſoumiſe à Philoco- ris, Grand-Prêtre du Temple du Soleil, homme