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LETTRE III.

VOus connoiſſez les femmes, & vous ſçavez, Madame, juſqu’à quel point elles portent la ſineſſe, lorſqu’elles veulent ſe tirer d’intrigue, & tromper les maris qui les épient. Voici un des tours les plus adroits dont elles ſe ſoient aviſées.

Stratagème d’une ſemme qui fit évader ſon Galant, lorſque ſon mari qui étoit borgne, croyoit le ſurprendre avec elle.

Charles, dernier Duc d’Alençon, avoir un Valet de Chambre borgne, qui ſe maria avec une ſemme beaucoup plus jeune que lui. Le Duc & la Ducheſſe aimoient ce Valet autant que Domeſtique de cet ordre qui ſût en leur Maiſon ; étoit cauſe qu’il ne pouvoit aller voir ſa femme auſſi ſouvent qu’il l’auroit déſiré. La femme qui ne s’accommodoit pas d’une auſſi longue abſence ; oublia tellement ſon honneur & ſa conſcience, qu’elle s’amouracha d’un jeune Gentil-homme du voilinage. On en parla enfin & le bruit en fit ſi grand ; qu’il parvint juſqu’au mari, qui ne pouvoir le croire, tant la femme lui témoignoit d’amitié. Ilbréſolut néanmoins un jour de ſçavoir ce qui en étoit, & de ſe venger s’il pouvoit, de celui qui lui faiſoit cet affront. Pour cet effet, il feignit d’aller en quelque lieu