Page:Histoire litteraire des femmes francoises tome 1.djvu/53

Le texte de cette page n’a pas pu être entièrement corrigé, à cause d’un problème décrit en page de discussion.


LETTRE II.

Entre la célebre Héloïſe & Marguerite de Marie de France.Valois, ſœur de François I, & femme d’Henri d’Albret, Roi de Navarre, aucune femme ne s’eſt ſignalée en France par des écrits connus ou qui méritent de l’être. On parle d’une Marie de France, Pariſienne, qui floriſſoit en 1260, ſous le regne de S. Louis, & qui a traduit de l’anglois en vers françois des fables d’Eſope moraliſées. On parle ſurtout d’une Clémence Iſaure Clémence Iſaure.qui vivoit, dit-on, au quatorzieme ſiecle, & à laquelle on attribue la fondation des Jeux Floraux à Toulouſe. Mais outre qu’elle n’a laiſſé aucun ouvrage qui puiſſe la faire mettre au rang des femmes Auteurs, il n’eſt pas même certain qu’elle ait jamais exiſté. Quelques-uns prétendent que Clémence Iſaure eſt un perſonnage imaginaire ; & que ce furent ſept habitans de la Ville de Toulouſe, qui en 1323 établirent l’Académie des jeux floraux. D’autres aſſurent que rien n’eſt plus réel l’exiſtence de cette fille célebre ; qu’elle deſcendoit des anciens Comtes de Toulouſe ; qu’elle étoit encore plus illuſtre par ſa ſcience & par ſa vertu, que par ſa naiſſance ; & que ſi elle n’a pas inſtitué les jeux floraux, elle a du moins fondé de quoi fournir aux frais des prix qu’on diſtribuoit déja tous les ans au mois de Mai, à ceux qui avoient fait les meilleures pieces de vers. Quoi qu’il en ſoit, on célebre encore chaque année ces mêmes