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amour, & le conduira partout où bon luy ſemblera, & ſur la reſtitucion de ſes yeus, après en auoir parlé aus Parques en ſera ordonné. »

Cette ingénieuſe fiction eſt ſans contredit le meilleur ouvrage de Louiſe Labé. Depuis on a tourné cette ſable en mille manieres ; pluſieurs Poétes ont voulu ſe l’approprier ; mais l’invention qui en eſt le principal mérite, eſt dûé à la belle Cordiere. La Fontaine y a vraiſemblablement pris l’idée de ſa Fable, intitulée l’Amour & la Folie. Les autres Pieces qui compoſent le recueil des Œuvres de Louiſe Labé, ſont des Élégies & quelques Sonnets, parmi leſquels je ne trouve rien d’aſſez remarquable, pour en groſſir cette Lettre.

Je peux bien en dire autant des poéſies de Clémence de Bourges, & d’une autre Lyonnoiſe Pernette du Guillet.qui vivoit dans le même tems. Pernette du Guillet, uniſſoit la vertu avec les talens, & la con- noiſſance des langues avec l’art des vers. Elle jouoit très-bien de pluſieurs ſortes d’inſtrumens & écrivoit en Eſpagnol, en Italien & en Latin, preſqu’auſſi bien que dans ſa Langue naturelle. Ses ouvrages ſont dédiés aux Dames Lyonnoiſes : c’eſt ainsi que de nos jours, une Muſe ſrançoiſe, (Madame du Bocage) a dédié une Tragédie au Beau Sexe. Comme Pernette, elle joint les graces aux talens, & parle les Langues étran- geres comme la ſienne propre.

Clémence de Bourges.Clémence de Bourges dont j’ai parlé ci-deſſus, étoit d’une famille connue & diſtinguée à Lyon. Elle joignoit la vertu aux graces de ſon ſexe ; & elle couronna ſa jeuneſſe & ſa vie par un exemple de conſtance & d’amour plus admiré qu’imité. Elle étoit promiſe à Jean du Peyra,