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les plaiſirs qu’ils goûtoient enſemble, qu’il me ſembloit des momens que j’étois là & que j’y prenois part. Ma mere vint & nous nous couchâmes ; mais je ne pus dormir, heureuſe encore qu’elle ne s’apperçût de rien. Cependant je penſai toute la nuit aux moyens que je pouvois prendre pour me faire baiſer à un homme, ſur tout je le ſouhaitois fort diſcret. Il s’en préſenta pluſieurs à mon eſprit, mais celui qui m’occupa le plus fut ce joli garçon que j’avois vû avec mon Couſin. Il me ſouvint alors qu’il m’avoit ſaluée diverſes fois avec toutes les apparences d’un homme amoureux. Je réſolus donc d’affecter dès le lendemain de paſſer devant lui & de lui rendre de la meilleure grace que je pourrois les ſaluts qu’il me faiſoit. Cela me réuſſit aſſez bien & ſans me donner la peine d’aller courir devant ſa maiſon, il vint chez nous une fois & paſſa à deſſein de me voir encore deux fois par notre rue. Tu aurois dit que nous nous étions communiqués nos penſées à voir comme nous nous accordions. C’étoit pourtant peu de cho-