Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pêtre se seraient contentés d’enlever, comme ils l’ont fait en maints endroits, le revêtement qui seul pouvait leur servir, l’intérieur des murs étant bâti en blocage de moellon dur noyé dans un mortier encore plus dur. Ce côté de la forteresse était le moins exposé aux attaques de l’ennemi. On peut donc supposer que ce dérasement, si régulier dans son niveau, n’a pas été la suite d’un siège ou d’une démolition volontaire. Il nous paraîtrait plus naturel de croire que le constructeur, après avoir terminé le grand donjon, qui présentait sa principale face au seul point d’attaque possible, se sera arrêté pour un motif quelconque, provisoirement peut-être, dans l’espoir de reprendre les travaux ; car les amorces des murs se prolongeant jusqu’au haut de la grande tour nous indiquent bien que le petit donjon entrait dans le plan général, et qu’on avait l’intention de l’élever au même niveau que l’autre partie. Une grande porte qui devait donner à l’intérieur au-dessus de la chapelle et communiquer avec les hourdis, se voit encore à ce niveau, semblable à celle que nous avons signalée dans le côté sud.

Les travaux arrêtés ne furent pas repris. Ce qui nous confirme dans cette opinion, c’est que la vue de Belleforêt, assez grossière d’ailleurs, nous montre, en avant du donjon carré, une sorte de barbacane moins haute qui, malgré la forme arrondie, ne peut représenter autre chose que notre petit donjon. Ses dimensions sont trop considérables pour que l’on puisse y voir le portail d’entrée. De plus, le compte de 1359, qui paraît porter sur une restauration presque complète du donjon, depuis les caves jusqu’à la toiture, ne parle que de ces deux points : une cheminée en la chambre sous la chapelle Saint-Salleboeuf (il n’est pas question de chambre au-dessus), et la couverture « de la grosse tour du daugon et la petite tour dessus la chapelle Saint-Sallebœuf ».