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Dans le petit donjon, la chambre du même étage avait aussi une fenêtre de chaque côté de la cheminée et une autre à l’ouest ; l’ouverture de cette dernière était assez élevée au-dessus du sol ; on y arrivait par plusieurs gradins.

Ces deux pièces servaient d’habitation au commandant du château. Là venaient aboutir toutes les issues, les escaliers, les passages secrets. Soit en montant, soit en descendant, il fallait arriver là. Dans les forteresses comme celle de Loches, l’ennemi n’entrait guère que par surprise ou par trahison — par trahison surtout. Ainsi placé, occupant par lui-même ou par ses amis les plus sûrs tout le premier étage du grand et du petit donjon, maître du passage secret qui s’ouvrait à ce même niveau, communiquant par des escaliers avec les deux côtés du rez-de-chaussée, ayant encore une sortie au dehors, gardant en même temps les étages supérieurs et les magasins du rez-de-chaussée, il surveillait lui-même ses hommes, ne laissant entre les défenseurs d’en haut et ceux d’en bas que les communications nécessaires, et pas un mouvement ne lui échappait. La chambre du petit donjon était sans doute réservée à son usage particulier ; celle du grand donjon était la salle d’apparat, ce qu’au moyen âge on appelait la grand’salle.

Dans la chambre qui se trouve au-dessus de celle-ci, aboutissait, à l’angle sud-est, après un retour d’équerre, l’escalier caché dans l’épaisseur du mur est. Six fenêtres éclairaient cette salle. De là on passait dans l’escalier, d’abord en spirale, puis droit, qui monte jusqu’au sommet de la tour et débouche a l’angle sud-est, où se trouvait l’échauguette, que l’on désignait sous le nom de lanterne.

Nous n’essaierons pas autrement de reconstituer par la pensée cet intérieur bouleversé par quatre siècles d’habitation, de guerre et d’abandon. C’est un problème dont on