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béantes : une mousse verte et gluante recouvre la pierre ; l’herbe pousse partout, nivelant les angles et les saillies sous un tapis de feuilles. À droite, une large brèche nous montre un corridor secret pratiqué dans l’épaisseur du mur à la hauteur du premier étage. Devant nous, tout en haut, une petite voûte en fornice, où l’on voit encore quelques traces de peinture rouge et jaune, indique l’emplacement de la chapelle Saint-Sallebœuf, que son obscur patron n’a pas eu le pouvoir de sauver de la destruction. Les fenêtres ont conservé leurs barreaux de fer ; l’autel est encore debout ; un ormeau a poussé dessus, et ses branches légères ombragent de leur dais de verdure la place du tabernacle absent.

Au-dessus de nos têtes le ciel, dont l’éclat obscurci s’accroche en tombant en filets de lumière plus vive à toutes les aspérités. — Partout désolation et ruine.

Il faut avoir la tête solide et le cœur armé de ce triple airain dont parle Horace, pour s’aventurer à gauche sur la première marche de cet escalier large de 80 centimètres seulement. C’est le chemin que suivait le maître quand il voulait pénétrer chez lui, et le seul moyen de communication avec tous les étages jusqu’au sommet. Il contourne trois côtés du petit donjon, et des meurtrières échelonnées le long des marches permettent de surveiller les abords à l’extérieur. En haut, une porte donne accès dans ce que nous appellerons le grand donjon, à la hauteur du premier étage[1].

Pour nous, plus prudents, nous entrerons simplement au niveau des nouvelles fouilles, par une brèche déjà an-

  1. Dans le nombre des étages nous ne tenons pas compte du soubassement nouvellement déblayé, qui doit être considéré comme une sorte de cave.