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sans preuves[1]. Il a démontré que les hautes fonctions qu’il exerçait, la considération dont il jouissait étaient incompatibles avec la bassesse de naissance que lui attribue le poète courtisan de Philippe-Auguste, et n’appartenaient alors qu’à la noblesse, trop attachée à ses privilèges et trop fière pour obéir à un esclave, et lui permettre de marcher de pair avec les plus grands seigneurs. Quant au pillage de Tours et d’Amboise, et aux cruautés qui en furent la suite, ce fut, au dire de tous les chroniqueurs, l’œuvre des Cotereaux à la solde du roi d’Angleterre, et lorsque Girard fut appelé au commandement de la ville de Tours, il s’efforça de réparer le mal déjà fait.

La garnison prisonnière fut envoyée au château de Compiègne. Mais Jean Sans-Terre n’oublie pas le serviteur et l’ami qui lui demeura fidèle toute sa vie. Il proposa à Philippe une rançon de 2,000 marcs d’argent, d’une valeur intrinsèque de 104,000 francs et d’une valeur relative infiniment plus considérable, somme importante qui montre en quelle estime le roi tenait son capitaine. Cette rançon, refusée d’abord, fut probablement augmentée. Girard put rentrer en Angleterre avec sa femme Lupa et ses fils, ses parents Girard et André de Loches, et plusieurs de ses compagnons d’armes, au nombre desquels on trouve Engelas de Cigogné et Pierre de Chanceaux ; et dans l’espace de trois ans le roi lui concédait, en récompense de ses services, la jouissance du château et du comté de Glocester, du château et de la châtellenie de Bristol, le nommait gardien du comté de Hereford, et de l’abbaye de Kaynesham, bailli du diocèse de Bath, membre de son conseil, etc.

  1. Recherches sur Girard d’Athée, Mémoires de la Société archéol. de Touraine, t. VII et, XIII.