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pouiller son frère de la part qui lui était assignée dans l’héritage paternel, et après lui avoir enlevé les places de Loudun, Mirebeau et Chinon, il le força à lui céder le comté d’Anjou moyennant une pension de 1,000 livres sterling et de 2,000 livres de monnaie angevine. Puis, comme dédommagement, il parvint à le faire élire comte de Nantes par les Bretons révoltés. Malheureusement Geoffroy mourut deux ans après. Henry eut un instant la pensée de revendiquer cette nouvelle conquête en qualité d’héritier de son frère ; mais il recula devant une guerre avec son allié Conan IV duc de Bretagne ; il préféra recourir au moyen plus pacifique des mariages qui avait si bien réussi à ses prédécesseurs. Après avoir fait hommage au roi de France pour son comté d’Anjou et pour la charge de grand-sénéchal, héréditaire dans sa famille, il fiança ses deux fils avec deux filles du roi, et son dernier-né, âgé d’un mois, avec Constance, fille unique du duc de Bretagne, qui avait alors cinq ans (1559). Ce singulier mariage se réalisa sept ans après (1166), et la possession de la Bretagne fut assurée à l’Angleterre.

La race d’Anjou est désormais arrivée à l’apogée de sa puissance. Roi d’Angleterre et duc de Normandie du cher de sa mère, maître de l’Anjou, du Maine, de la Touraine, de la Saintonge, de l’Aquitaine, d’une partie du Berry et de l’Auvergne, et de plusieurs places isolées, tant du chef de son père que par son mariage, Henry II, à son avènement, possède sur le territoire français plus de provinces que le roi de France lui-même. Peut-être même son ambition va-t-elle jusqu’à voir dans une perspective brillante et prochaine la réunion des deux sceptres d’Angleterre et de France dans les mains de l’un de ses enfants.

Cette situation si extraordinairement anormale devait éveiller de bonne heure les légitimes inquiétudes du roi de France, et donner naissance à cette politique patiente, ha-