à condition qu’il ne le forcerait pas à mettre son frère en liberté.
Cette place ne fut pas le seul gage que le comte d’Anjou laissa au roi, comme nous allons le voir. Foulque avait été marié trois fois : d’abord à la fille de Lancelin de Beaugency, puis à Ermengarde de Bourbon, de laquelle il avait eu un fils nommé Geoffroy-Martel. Ayant découvert entre elle et lui quelque lien de parenté, il la renvoya avec son jeune fils pour épouser Bertrade, sœur d’Amaury de Montfort, « dans laquelle homme de bien ne trouva jamais rien digne de louange, à l’exception de sa beauté ». Philippe étant venu à Tours, fut séduit par les charmes de la comtesse, et mit à ses pieds son amour et la couronne de France. Bertrade était peu scrupuleuse ; Philippe était roi, de dix ans plus jeune que le Réchin, dont le portrait n’est pas séduisant ; elle n’hésita pas longtemps ; aux fêtes de la Pentecôte 1097, elle suivit le roi à Orléans, et l’épousa quelques jours après à Paris.
Cette union adultérine dura dix ans, et quatre enfants en naquirent. Philippe dut céder enfin devant l’excommunication et la mise en interdit de son royaume : il rendit au Comte d’Anjou sa femme (1105); peut-être même poussa-t-il les égards jusqu’à la reconduire ; si nous en croyons Orderic Vital, Bertrade eut l’adresse de réunir à la même table, dans son château d’Angers, ses deux maris, qu’elle servait elle-même ! (14 octobre 1106.)
Le Réchin, vieilli avant l’âge, abruti par la boisson, ne se sentit bientôt plus la main assez forte pour gouverner ses domaines ; il remit le pouvoir a son fils Geoffroy, qu’il avait eu de son mariage avec Ermengarde de Bourbon. Le premier acte du jeune prince fut de rendre la liberté à son vieil oncle. Celui-ci, dans un éclair de raison, lui transmit ses droits au comté d’Anjou : « Je vois, dit-il, que tu n’as pas