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parmi les châteaux bâtis par son aïeul, nous n’hésiterons point à considérer Foulque Nerra comme le fondateur de notre Donjon ; le règne tranquille de Foulque le Bon au milieu de la paix générale, l’éloignement de Geoffroy Grise-Gonelle, qui paraît avoir plutôt résidé à la cour du roi ou bataillé toujours au loin pour le compte de ce dernier, ne permettent guère de leur attribuer ce gigantesque travail. Le château de Loches ne joua dans toute cette période qu’un rôle bien effacé, et ne dut être pour les comtes d’Anjou qu’une résidence passagère.

Nous avons vu qu’il n’en est pas de même de Foulque Nerra, et que les circonstances durent appeler de bonne heure son attention sur un point aussi capital. Est-il possible de supposer qu’il eût laissé dans une infériorité relative sa position maîtresse, un des « chefs d’honneur » de son patrimoine, selon l’expression du Réchin, lui qui passa toute sa vie à bâtir églises et châteaux, jusque sur les domaines des autres quand il y trouvait son intérêt[1]  ?

Dans son mode de bâtisse, le donjon de Loches ne ressemble guère, nous devons le reconnaître, au donjon de Langeais (989), ni à celui de Montbazon (999) ; tous les deux sont en petit appareil ; cependant tous les deux aussi sont sur plan carré comme à Loches. Il ne faut pas oublier non plus qu’ils datent des dernières années du Xe siècle, c’est-à-dire du commencement du règne de Foulque. Le donjon de Montbazon se rapproche déjà du nôtre. On y retrouve la même situation, les deux tours accolées, les contreforts cylindriques ; l’appareil, surtout dans les contreforts et dans

    d’une reconstruction, d’une augmentation sur un terrain déjà occupé par des ouvrages plus anciens (V. l’introduction aux Chroniques d’Anjou, par M. Mabille).

  1. Le château de Montbazon fut bâti par Foulque sur un terrain appartenant à l’abbaye de Cormery