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comte d’Anjou ; nous montrerons la part que ce dernier dut avoir dans sa fondation ou dans son agrandissement.

Loches est en effet la base de toutes les opérations de Foulque, la sentinelle placée a l’embranchement de toutes les routes, l’objectif de tous ses ennemis, sa retraite suprême. C’est de là qu’il tient en respect et qu’il combat tour à tour Landry de Chateaudun, Gelduin de Saumur, Eude le Champenois, et Thibault son fils, et Geoffroy de Saint-Aignan, et Hugue de Chaumont, tous ses voisins, tous ses ennemis, sans compter son beau-frère Conan, duc de Bretagne. Stratégiste habile autant que guerrier intrépide, dans toutes ces directions il plante comme des postes avancés les châteaux de Montbazon, Montrésor, Montrichard, la Haye, Mirebeau, Sainte-Maure, et, placé au centre de ce réseau, l’œil fixé à l’horizon, comme l’oiseau de proie dont le nom rappelle le sien, il guette le moment de s’élancer vers Amboise, Blois, Saint-Aignan ou Pontlevoy, ou d’aller tendre la main à son allié le comte de Périgord pour ravager le Poitou et marcher sur Tours.

Aussi, malgré le silence de l’histoire sur ce point, et bien que Foulque Réchin, à la chronique duquel nous n’ajoutons foi que sous réserves[1], ne nomme point Loches

  1. Nous sommes assez disposé à considérer, avec quelques auteurs, la chronique du Réchin comme apocryphe. Mais fût-elle vraie, son silence ne serait pas une preuve contre la thèse que nous soutenons : il paraît assez mal instruit des affaires de sa propre famille pour avoir pu ignorer la construction du donjon de Loches par Foulque Nerra, tandis qu’il lui attribue celle du château de Durtal, bâti cependant par Geoffroy Martel, son successeur. D’ailleurs, après la nomenclature des châteaux bâtis par Foulque, il ajoute : « et multa alia quæ enumerare mora est. » Le château de Loches peut bien être compris dans ces multa alia, d’autant mieux qu’il ne s’agit pas là d’une construction ab initio, sur un terrain libre, comme à Montbazon par exemple, mais