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teau non noble, d’un aspect effrayant, et qu’on nomme la Roche-Guyon ; invisible à la surface, il est creusé dans une roche élevée ; la main habile de celui qui le construisit a coupé sur le penchant de la montagne, et à l’aide d’une étroite et chétive ouverture, le rocher même, et formé sous terre une habitation d’une très vaste étendue[1]

Nous retrouvons partout, dans le château et dans le vaste plateau de craie sur lequel il est bâti, des traces de ces souterrains. Bien antérieurs, selon nous, aux constructions qui les surmontent, ils sont les restes de ces retraites que les premiers habitants du pays avaient creusées pendant plusieurs générations, à une époque sur laquelle l’histoire est muette, véritables refuges, destinés à la fuite plutôt qu’à une défense proprement dite.

Par un instinct naturel, les Romains conquérants, bien que plus savants dans l’art militaire, s’établirent sans doute à la place des habitants primitifs. La situation des lieux leur fournissait, à l’aide de travaux peu considérables, un bon campement et un poste facile à défendre. D’ailleurs, comme point stratégique, le plateau de Loches était d’une importance qui ne dut pas leur échapper ; à la fin de sa seconde campagne dans les Gaules, l’an 57 av. J.-C., César mit ses légions en quartier d’hiver chez les Carnutes, les Andes et les Turons, c’est-à-dire dans toute la vallée de la Loire. Mais les vallées secondaires, telles que celle de l’Indre, durent être gardées aussi, et Loches était un point trop important pour être négligé. Peu de travaux étaient nécessaires pour lui donner une puissance formidable. Si nous n’avons trouvé jusqu’à présent aucune construction militaire des Romains, nous savons cependant qu’une voie romaine au moins, — celle

  1. Vie de Louis le Gros, traduction de M. Guizot, citée par a M. Viollet le Duc, v° Donjon, p. 58.