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la conduite du maréchal marcha de nouveau sur la ville conquise. Les Anglais, pressés de tous côtés, furent forcés de rendre toutes les places dont ils s’étaient emparés dans le Boulonais (avril 1546).

L’année suivante, François Ier mourut. Henri II, qui avait été profondément affligé de la perte de Boulogne, éclairé ou trompé par ses conseillers et par des ennemis du maréchal, le fit arrêter avec son gendre, Jacques de Coucy, et plusieurs autres capitaines, et ordonna qu’ils fussent mis en jugement. Une commission, composée de Raimond Fumée, seigneur de Saint-Quentin, président, Coutel, Dormy, de l’Hopital, qui fut depuis chancelier, et autres juges choisis, se réunit dans une chambre qu’on appelait la Chambre de la Reine. La procédure fut « longue et animeuse », l’audition des témoins et les diverses formalités, récolements, confrontations, etc., durèrent deux ans.

La principale accusation contre Coucy portait sur la reddition de Boulogne. « L’accusé remonstroit les grandes forces qu’il avoit sur les bras, un roy en personne contre luy, luy sans espérance de secours, le roy son maistre empesché ailleurs, la ville demi ruinée, quantité de bresches non réparées, faute de vivres, poudres et munitions, manque de gens de défense, et ceux qui restoient avoient perdu courage ; qu’il avoit soutenu un cruel assaut ; que l’ennemi avait tiré contre la ville cent ou six vingt mille coups de canon ; qu’il avoit rendu la place de l’avis des capitaines Poques, Dez, Saint-Blimont, Colincourt, Lignon et autres ; bref, qu’il avoit fait tout ce qu’un homme de cœur pouvoit faire ; que le feu roy François Ier n’avoit pas pris affaire de la sorte ; au contraire, l’avoit bien reçu après l’action, et s’estoit depuis servi de luy. »

À cette défense l’accusation répondait, en s’appuyant sur la déposition de nombreux témoins, sincères ou vendus,