Page:Histoire du donjon de Loches par M. Edmond Gautier.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis que, revenant de la Grève à pas lents,
Je priais dans mon cœur le Dieu de la victoire
Qu’il vous donnât mes jours de vie en jours de gloire,
Vous, François de Valois, le soir du même jour,
Sans crainte, sans pitié, sans pudeur, sans amour,
Dans votre lit, tombeau de la vertu des femmes,
Vous avez froidement, sous vos baisers infâmes,
Terni, souillé, flétri, déshonore, brisé
Diane de Poitiers comtesse de Brézé.
Quoi ! lorsque j’attendais l’arrêt qui me condamne,
Tu courais donc au Louvre, ô ma chaste Diane !
Et lui, ce roi sacré chevalier par Bayard,
Jeune homme auquel il faut des plaisirs de vieillard,
Pour quelques jours de plus dont Dieu seul sait le compte,
Ton père sous ses pieds, te marchandait ta honte !
....................
Sire, je ne viens pas vous demander ma fille.
Quand on n’a plus d’honneur, on n’a plus de famille ;
Qu’elle vous aime ou non d’un amour insensé,
Je n’ai rien à reprendre où la honte a passé :
— Gardez-la !

Certes, c’est là une belle et fière poésie. Mais l’histoire, moins enthousiaste et plus sévère en matière de preuves, donne une cause toute différente à la grâce du comte de Poitiers.

C’était Pierre de Brézé qui, sans le savoir, était la cause de l’arrestation de son beau-père. C’était lui qui, d’après les expressions mêmes du roi, avait découvert « les machinacions et conspiracions faictes contre sa personne, ses enffants et son royaume », en dénonçant le connétable de Bourbon, ne se doutant pas que le malheureux Saint-Vallier était si gravement engagé dans le complot. Brézé n’avait pas été sans s’émouvoir de cette condamnation, d’autant que le cas le touchait à cause de la confiscation. Ses démarches eurent assez peu de succès d’abord ; cependant la colère du roi céda devant ses prières et celles des autres parens et amys