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de famille avec celui de son frère Ludovic. Au revers est un casque orné d’une couronne de duc et surmonté d’une guivre tenant un enfant dans sa gueule. Au-dessous l’écusson des ducs de Milan, d’argent à une guivre d’azur couronnée d’or, à l’issant de gueules. De chaque côté de l’écu, une plante portant deux seaux ou paniers ; pour devise : co. ag. janve. d. p. p. ngle. o 3. Le mot janve paraît faire allusion aux droits des ducs de Milan sur la ville de Gênes. Cette monnaie doit avoir été frappée entre l’avènement et la mort de Gelées-Marie, c’est-à-dire de 1466 à 1476.

Il est probable qu’elle a été rapportée en France par des prisonniers ou par des soldats revenant d’Italie. René de Savoie, comte de Villars et baron du Grand-Pressigny, avait accompagné Louis XII dans ses campagnes. Il était entré à la suite du roi à Gênes, en 1502 ; il assistait à la bataille de Marignan à côté de François Ier, et mourut d’une blessure reçue à Pavie, où il avait été fait prisonnier, en 1525. Peut-être un des compagnons de Ludovic fut-il ramené et enfermé quelque temps au château de Pressigny. Mais cette monnaie ne saurait, comme on l’a prétendu, être attribuée à Ludovic Sforza.

Nous n’avons pu découvrir, ni dans le nécrologe de Notre-Dame de Loches, ni dans les anciens titres de l’église, aucune mention de prières ou de services commémoratifs pour Ludovic Sforza. Ses cendres dorment oubliées sur le sol étranger, et pas même une pierre n’indique au passant où reposent les os de celui qui fut le duc de Milan. Un humide et sombre cachot, des peintures qui s’effacent, quelques lignes creusées dans un mur qui tombe ou que le badigeon recouvre, sont les seuls monuments destinés à perpétuer la mémoire du prince qui fut tour à tour guerrier, peintre, littérateur, et dont la gigantesque figure serait