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France. Le roi, qui se connaissait en hommes, l’accueillit avec empressement. Commines se vit aussitôt comblé d’honneurs et de biens. Seigneur d’Argenton (octobre 1472), Sénéchal de Poitou, commandant du château de Chinon (1476), il prenait, en 1477, sa bonne part dans les biens confisqués sur le comte d’Armagnac. Il avait épousé, en novembre 1473, Hélène de Chambes, dame de Montsoreau, qui lui apporta une dot considérable et des alliances avec les principales familles du Poitou.

Après la mort de Louis XI, Commines perdit beaucoup de la grande faveur dont il avait joui auprès de ce prince. Son esprit souple et peu scrupuleux le portait naturellement à l’intrigue ; il ne craignit pas de s’engager dans une ligue formée contre Anne de Beaujeu, et de vendre au duc de Bretagne les secrets de la cour de France, comme il avait vendu à Louis XI les secrets de la cour de Bourgogne. Les preuves de sa trahison tombèrent entre les mains de la régente : arrêté avec Geoffroy de Pompadour, grand-aumônier de France, et Georges d’Amboise, évêque de Montauban, il fut conduit au château de Loches, et enfermé dans une cage à prisonniers, « rigoureuses prisons, couvertes de pattes de fer par le dehors et par le dedans, avec terribles ferrures, de quelques huit pieds de large, de la hauteur d’un homme et un pied de plus. Le premier qui les devina fut l’evesque de Verdun, qui en la première qui fut faicte fut mis incontinent, et y a couché quatorze ans. Plusieurs, depuis, l’ont maudit, et moi aussi qui en ai tasté soubs le roy présent huict mois ». C’est là qu’il commença, dit-on, la rédaction de ses mémoires. Tout en disant qu’il ne garde pas rancune au roi, il ne peut retenir un trait malin contre celui auquel il devait cette rude correction ; et il le déclare « petit homme de corps et peu entendu ; mais estoît si bon qu’il n’est point possible de