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de dépense pour cet objet ; c’est un forgeron allemand qui parait en avoir eu la spécialité :

« A Hans Fer d’argent, mareschal, natif du pays d’Allemaigne pour partie d’une cage de fer a mettre prisonniers xl livres. — A luy encor, lx livres pour la mesme cause. — A Jehan Daulin, marchand ferron demeurant à Tours, pour l’achapt de 3457 livres 1/2 de fer que ledit seigneur a fait prendre et achepter de luy, pour faire partie d’une cage de fer à mettre prisonniers. » (Bibl. Nat. mss Caigniére.)

Comme prison d’État le château de Loches était ce qu’on appellerait aujourd’hui un établissement modèle. Aussi était-il abondamment pourvu de toutes sortes d’engins. La salle qui a conservé le nom de la Torture, a gardé encore une énorme barre de fer glissant dans trois bornes de pierre, et garnie d’anneaux où l’on passait les pieds du patient, qui ne pouvait se tenir que couché sur le carreau. Deux cachots ont encore scellées au mur de lourdes chaînes terminées par des Ccarcans, appelées les fillettes du roi, parce qu’elles étaient même la nuit les compagnes inséparables du prisonnier.

« Autrefoys avoit fait faire (Louis XI) a ung Allemand des fers tres pesans et terribles pour mettre aux pieds, et y estoit un anneau pour mettre au pied, fort mal aisé à ouvrir comme un carquan, la chaîne grosse et pesante et une grosse boule de fer au bout, beaucoup plus pesante que n’estoit de raison, et les appelait-on les fillettes du roy. » (Commines)

Rien ne manquait à cet arsenal. Nous nous souvenons d’avoir vu il y a quelques années d’autres petits fers ou entraves pour mettre aux pieds et aux mains, réduction portative de la grande barre de la salle de la Torture.

On ne s’étonnera donc point de trouver dans cette prison de premier ordre deux cages de fer ; l’une était placée dans la grande chambre de la Tour, l’autre au-dessus du pont-levis. (Belleforêt.)