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service ; il l’avait nommé successivement conseiller clerc au Parlement, évêque d’Évreux, abbé commandataire de Fécamp, de Saint-Ouen de Rouen, de Saint-Thierry de Bourgueil, etc. Du siège d’Évreux il passa à celui d’Angers, et en 1467 il revêtait la pourpre romaine, avec la dignité de cardinal du titre de Sainte-Suzanne.

Ambitieux, habile, remuant, La Balue était un des serviteurs les plus dévoués du roi, qui disait de lui : « C’est un bon diable d’évesque pour à cette heure ; je ne scay ce qu’il sera dans l’avenir ; quant à présent il est sans cesse occupé à mon service. »

En avril 1468, aux États Généraux de Tours, le cardinal La Balue occupait la première place à la droite du roi, avant tous les princes et tous les grands dignitaires du royaume. Il eut encore cet autre honneur, — qu’il dut regretter plus tard, — de tenir, en qualité d’évêque d’Angers, la croix de Saint-Laud sur laquelle Louis XI jura le traité de Péronne.

Or le roi était vindicatif, et, selon l’expression de Commines, « n’avoit souci d’homme sur lequel il avoit suspicion mauvaise ». Il lui était difficile d’oublier que c’était aux conseils du cardinal qu’il devait ses terreurs et son humiliation de Péronne. Des lettres vraies ou supposées tombèrent entre ses mains ; le cardinal y exhortait le duc de Guyenne à n’accepter d’autres conditions que celles qui avaient été stipulées en sa faveur par le traité de Péronne.

D’Haraucourt, évêque de Verdun, était aussi compromis dans cette négociation.

Le porteur de ces lettres, ayant été pris, fut conduit devant le roi qui se trouvait alors à Amboise ; l’évêque et le cardinal, mandés aussitôt, furent arrêtés séance tenante, et enfermés dans le château de Tours. D’Haraucourt avoua ; La Balue essaya d’obtenir sa grâce par des aveux qui ne parurent pas suffisamment sincères. Le roi fit immédiate-