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Mais il ne tarda pas à se repentir de cette imprudente démarche, quand il vit autour de Charles le Téméraire tant de visages ennemis.

Du côté du duc de Bourgogne, il y avait monseigneur de Bresse (Philippe de Savoie), et deux de ses frères, enfants de la maison de Savoie, « car Savoysiens et Bourguignons de tous temps s’entraymoient très fort ; or fault entendre que le roy avoit autres fois tenu ledit seigneur de Bresse en prison, à cause de deux chevaliers qu’il avoit faict tuer en Savoye ; par quoy n’y avoit pas grant amour entre eux deux ; — en ceste compagnie estoient encore monseigneur du Lau que le roy avoit semblablement tenu prisonnier, après avoir esté très prochain de sa personne, et puis s’estoit échappé de sa prison et retiré en Bourgogne. » (Commines)

Pour comble de malheur, la révolte des Gantois, sur laquelle le roi ne comptait pas si tôt, vint le mettre dans la situation la plus périlleuse, livré à un ennemi que sa violence, son orgueil, sa férocité avaient fait surnommer le Téméraire et le Terrible. Il passa trois jours dans une inquiétude mortelle, ayant devant les yeux cette tour où Herbert, comte de Vermandois, avait fait périr Charles le Simple en 922. Enfin il s’échappa du piège en sacrifiant les malheureux habitants de Gand ; mais honteux comme un vieux renard bafoué par un jeune coq, maudissant les imprudents qui l’avaient mené là, furieux et ne rêvant que vengeance. Les pies et les geais de sa bonne ville de Paris saluèrent sa rentrée par des cris séditieux : « Per… ronne ! Perr…rette, à boire ! » Il leur fit tordre le cou ; et peut-être rêvait-il déjà de mettre en cage un autre oiseau que son plumage rouge serait impuissant à protéger.

La Balue, fils d’un tailleur d’habits du bourg d’Angles, en Poitou, s’était élevé rapidement aux plus hautes dignités ecclésiastiques. Louis XI l’avait distingué et attaché à son