voulez-vous ne pas nous priver de cette bonne chose ? Qu’est-ce que M. de Malesherbes pouvait avoir de si curieux à montrer à madame de Pons, lui qui ne trouve rien d’extraordinaire, lui montrerait-on la tour de porcelaine de Pékin ?
Madame Necker sourit.
— En effet, il s’étonne difficilement, lui qui aime tant à étonner les autres ; mais ici la chose n’est pas ce que vous pourriez croire ; voici le fait : M. de Malesherbes dit à madame de Pons : J’ai dans mon jardin un cèdre du Liban ! — Ah ! mon Dieu, dit-elle, que cela doit être beau, un cèdre du Liban !… allons le voir. Elle cherchait dans les nues tandis que M. de Malesherbes, qui a la vue basse, comme vous savez, et qui est même myope, cherchait à ses pieds. Enfin il tombe par terre, et touchant ce qu’il cherchait de l’œil et de la main : Le voilà, le voilà ! — Quoi donc ? — Eh ! le cèdre ! — Et où cela ? —
C’était un arbrisseau à deux lignes de terre !
Vous jugez des rires de madame de Pons.
— Y a-t-il longtemps qu’il n’a fait quelque belle surprise, opéré quelque magique étonnement ? demanda quelqu’un à M. Suard.
— Je ne sais ; mais il est à remarquer que cette manie qui lui donne un amusement, au reste bien innocent, ne nuisant à personne, n’a encore amené