Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
INTRODUCTION.

Je pourrais en citer beaucoup du même genre, qui prouvent que l’esprit de madame Necker était de cette nature plaisante qui montre qu’on est heureux de la joie d’autrui.

Une grande affaire, je ne sais plus sur quel sujet, se présenta avant que M. Necker se retirât la première fois du ministère. Attaqué de toutes parts, le directeur-général voulut, pour pouvoir résister, puisque le Roi voulait le garder, être ministre et entrer au conseil ; c’était le seul moyen d’avoir de la force ; M. de Maurepas, qui vit le Roi au moment de céder, éleva tout de suite un obstacle, celui de la religion. M. Necker était protestant ; on lui proposa d’abjurer ; il refusa. Lorsque madame Necker l’apprit, elle accourut à lui, et, se jetant dans ses bras, elle y pleura et répandit de douces larmes de joie.

« Je serai doublement heureuse maintenant en priant Dieu, lui dit-elle, car je lui offrirai, avec le mien, un noble cœur pénétré de sa divine bonté !… »

Ce fut dans ce moment difficile que M. Necker, dont le caractère était sévère et rude à manier, fit dans la maison de la Reine et celle du Roi les réformes les plus fortes[1]. M. le prince de

  1. Les trésoriers de la maison du Roi, et ceux de la Reine ;