Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
INTRODUCTION.

pêchait de s’asseoir !… Elle était maigre, grande, blanche, et d’une extrême pâleur. Ce qui prouve, plus que tout ce qu’on pourrait dire, le calme de l’esprit de cette femme remarquable, c’est la gaîté soutenue de son humeur et même de son esprit, avec cette douceur toujours dans elle, toujours sa compagne. Où l’on en trouve la preuve, c’est dans le recueil de ses pensées et de ses traits. Parmi ces derniers, il s’en trouve beaucoup de très-plaisants, presque tous gais, et tous au moins intéressants. Le choix des anecdotes qu’elle cite, remarquable par cette humeur douce et tranquille qui n’a rien de la résignation, c’est-à-dire de ce qui éloigne de celle qui souffre, m’a charmée en lisant ses Souvenirs. Son mari en était fier, et il avait raison…

Les écrits de madame Necker sont distingués surtout par leur élégance et par le tour heureux des expressions. On lui a reproché d’être trop pesante dans sa diction ; sans doute, à côté de sa fille, on lui trouvera un peu de monotonie et une couleur pâle ; mais il y a du piquant dans sa manière de raconter, et la chose est visible en lisant ces anecdotes narrées avec simplicité ; j’en vais donner un exemple. J’ai déjà dit qu’elle avait une santé déplorable ; voici l’extrait d’une lettre qu’elle écrivait à M. de Saint-Lambert, son ami le plus intime :