seule citation, un seul mot injurieux qui pût accuser les ennemis qui agissaient contre lui sans mesure et sans impartialité. M. de Meilhan surtout, intendant de Valenciennes[1], chef du parti, c’est-à-dire du premier parti qui s’éleva contre M. Necker, ne mettait aucun frein à sa haine, et faisait que tous ceux qui le lisaient donnaient raison à M. Necker. Il était homme d’esprit, écrivain éloquent, homme d’honneur, ministre intègre ; il devait avoir raison sur un homme acerbe, qui l’attaquait de prime-saut avec la dague au point et l’injure à la bouche… la haine s’y voyait tout entière.
Toutefois on doit convenir que M. Necker, dans les opérations de son ministère, a peut-être devancé les opinions du siècle où il vivait… ; il a administré un autre pays que la France, et croyait exister dans un autre temps que dans le xviiie siècle. Il détruisait au lieu de construire, s’écriait-on !… Il détruisait d’anciennes doctrines, qui s’en allaient croulant ; il avait raison en beaucoup de points, car ce qu’il abattait tombait de toutes parts de vétusté ; mais on ne veut jamais attendre chez nous… Nous jugeons et nous critiquons, nous dispensons la louange et le blâme avec une certaine
- ↑ Sénac de Meilhan, intendant de Valenciennes, l’un des ennemis les plus acharnés contre M. Necker.