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ils ne savaient pas ce qu’il était devenu ; alors Allard commença à dire : Hélas ! qu’est devenu mon frère ? Le roi Yon vint aussitôt et leur dit : Seigneur, il ne faut pas trop pousser nos ennemis, retirons-nous, je vous prie. Sire, dit Allard, que dites-vous ? Nous avons perdu notre frère Regnaut, et nous ne savons s’il est mort ou vivant. Le roi en fut bien fâché, et fit chercher Regnaut parmi les morts ; mais on ne le trouva point. Quand Allard, ses frères et Maugis virent qu’on ne le trouvait point, ils commencèrent à le regretter. Hélas ! dit Allard, que ferons-nous ? Nous sommes sortis de notre pays avec le meilleur chevalier du monde, mes frères et moi nous pensions qu’il recouvrirait nos malheurs passés par son courage. Le roi Yon voyant les regrets qu’ils faisaient sur Regnaut, leur dit : Pourquoi êtes-vous si tristes, il n’est peut-être pas mort ? s’il est pris, nous le rachèterons ; d’ailleurs nous avons fait de leurs gens prisonniers et nous ne leur ferons point de mal. Sire, dit Allard, allons après et sachons ce qu’il est devenu. Ami, dit le roi, volontiers. Ils se mirent tous à la poursuite. Regnaut poursuivait Bourgons avec tant de précipitation, qu’il l’atteignit en peu de temps, en lui criant : retourne contre moi ; il te serait honteux de mourir en fuyant. Quand Bourgons entendit Regnaut parler ainsi, il se retourna, et s’étant aperçu que c’était le chevalier qui avait détruit une partie de ses gens, il lui dit : chevalier, ne vous hasardez point à perdre votre cheval, car vous n’en trouverez jamais un pareil ; il disait cela pour l’épouvanter, car il n’osait pas jouter contre lui ; mais Regnaut n’était pas homme