que nous mourrons à votre service ; or, votre terre vous sera rendue. Le roi appela son sénéchal et commanda que Regnaut et sa compagnie fussent bien logés ; les ordres furent exécutés sur-le-champ.
Quand Bourgons eut pris Toulouse, il dit à ses
gens : Seigneurs, vous savez qu’il faut battre le fer
quand il est chaud, ainsi marchons vers Bordeaux
pendant que les blés sont épais, parce que nos
ennemis ont assez à manger. Le lendemain Bourgons
partit de Toulouse avec vingt mille combattans
et vint camper devant Bordeaux. Il envoya
quatre cents Sarrasins bien équipés, pour ravager
le plat pays jusqu’auprès de la ville. Quand la sentinelle
les entendit, elle cria aux armes : tous ceux
de la ville furent bien étonnés. Quand Regnaut vit
qu’il était temps d’armer, il dit à ses frères : allez
tous vous préparer et faites préparer vos gens.
Quand ils furent prêts, Regnaut monta sur Bayard
et alla au-devant du roi Yon, auquel il dit : Sire,
ne soyez point surpris, ayez confiance en Dieu, il
nous secourra aujourd’hui ; j’ai bon augure que
nous remporterons la victoire contre les Sarrasins.
Ami, dit le roi, nous suivrons vos avis. Regnaut
sortit le premier de Bordeaux étant monté sur
Bayard, et courut sur les Païens ; il s’avança et