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reconnaîtra. Elle entra dans la salle et leur dit : Seigneurs, que Dieu vous garde, puis-je savoir qui vous êtes et de quel pays ? Si vous êtes chrétiens ou payens, ou gens qui font pénitence ? Ne demandez-vous point l’aumône, je vois que vous avez besoin, je me ferai un vrai plaisir de vous aider pour l’amour de Dieu, en le priant d’avoir pitié de mes enfans et de les préserver de tous dangers ? Il y a bien sept ans que je ne les ai vus. Hélas ! quand aurai-je le bonheur de les voir ? elle témoigna tant de douleur qu’ils en eurent pitié.

Quand Regnaut vit sa mère si désolée, il ne put retenir ses larmes et allait se faire reconnaître, mais la duchesse, l’ayant regardé, tomba en faiblesse et demeura longtemps sans proférer une parole ; enfin, étant revenue à elle, elle le reconnut à une cicatrice qu’il avait an front dès son enfance. Elle lui dit alors : mon cher fils, vous qui êtes un des plus vaillans chevaliers, qu’est devenue votre beauté ? je vous aime plus que moi-même. Pendant qu’elle disait ces paroles, elle reconnut ses enfans ; quand elle les eut reconnus, elle les embrassa tendrement, les fit asseoir auprès d’elle et leur dit : mes enfans, comme je vous vois pauvres et défaits : vous n’avez point de chevaliers avec vous : Dame, dit Regnaut, nous n’avons plus de chevaliers, parce que notre père les a tous tués et voulait nous tuer aussi. Alors elle appela un domestique et lui recommanda de panser les chevaux. Son écuyer vint et dit à la duchesse que le dîner était prêt ; elle emmena ses enfans dîner avec elle, et comme ils mangeaient, le duc Aymon leur père revint de la chasse et avait