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avaient endurées. Regnaut dit à ses frères : Nous avons mal fait de n’avoir pas demandé de sûreté à notre père, car vous savez bien qu’il est si cruel que, s’il peut nous prendre, il nous fera prisonniers. Frère, dit Richard, vous avez bien dit ; mais je ne pense pas que notre père le fasse ainsi ; si toutefois il le fait, j’aime mieux périr dans Dordonne, que de mourir de faim dans un bois. Marchez toujours, je vous jure que personne ne nous reconnaîtra ; et si nous ne pouvons entrer à Dordonne, nous ne risquons toujours rien, car nous y sommes trop aimés, et notre mère nous soutiendrait. Frères, dit Regnaut, vous parlez sagement et me rassurez ; marchons maintenant. Tout le monde qui les regardait était étonné, car on ne les reconnaissait pas, et on disait : Ces gens ne sont pas de notre religion. Quand ils furent au palais, ils mirent pied à terre et donnèrent à garder leurs chevaux à trois valets qu’ils trouvèrent au palais et ne rencontrèrent personne ; car Aymon, leur père, était à la chasse ; la duchesse était dans sa chambre, où elle était bien inquiète de n’avoir point reçu de nouvelles de ses enfans. Ils entrèrent dans la salle et ne trouvèrent personne à qui parler ; ils s’assirent quelque temps pour se reposer ; leur mère, qui descendait de sa chambre, les aperçut dans la salle, mais elle ne les reconnut point, tant ils étaient défaits ; elle désira savoir qui ils étaient. Allard, voyant venir sa mère, dit à Regnaut et à ses frères : Voici notre mère, allons au-devant d’elle et racontons-lui notre pauvreté. Frères, dit Regnaut, attendons qu’elle nous parle, pour savoir si elle nous