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torze chevaliers ; ce qui le chagrina beaucoup, ce fut de voir que de cinq cents hommes, il lui en restait si peu. Regnaut, voyant tant de gens péris dans cette affaire, ne put retenir ses larmes. L’Histoire rapporte qu’Aymon son père pleurait aussi. Après avoir versé un torrent de larmes, il dit : Hélas ! mes enfans, que j’aie de douleur d’avoir causé votre perte ; vous vivrez donc désormais errans et fugitifs ; vous manquez de tout, et je ne puis vous secourir. Après avoir donné un libre cours à ses larmes, il ordonna d’enterrer tous les morts ; il fit mettre Emofroid sur une litière, et s’en alla à Dordonne, où il ne coucha qu’une nuit ; le lendemain, il fit porter la litière par deux mulets, et alla à Paris devant le roi, auquel il dit : Sire, comme je m’en retournais dans mon pays, j’ai trouvé mes enfans avec cinq cents chevaliers dans le bois des Ardennes, j’ai voulu les prendre prisonniers, mais je n’ai pu, et ils m’ont fait beaucoup de mal.

Je les ai tous détruits, à la réserve de quatorze, qui se sont échappés avec eux ; mais, avant que je les eusse tués, ils ont tué votre chevalier Emofroid, et nous les aurions pris si ce n’eût été la rivière. Quand le roi entendit ces paroles, il en fut si irrité qu’il devint furieux et dit à Aymon : Parbleu, votre excuse est bien mauvaise, car jamais corbeau ne mangea ses petits ; ce n’est point à moi à qui vous pourriez en imposer. Quand Aymon entendit le roi lui parler avec tant de colère, il lui dit : Sire, sachez que ce que je vous dis est la pure vérité ; je suis prêt de l’affirmer à la face du ciel et des