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sur ses ennemis. Quand il vit cependant que ses gens étaient bien éloignés, il piqua Bayard et vint les rejoindre ; son cheval volait avec une vitesse incroyable.

Pendant que Regnaut s’en retournait. Emofroid qui était un des vaillans chevaliers de Charlemagne, vint monté sur un cheval dont le roi lui avait fait présent ; quand il fut près de Regnaut, il lui dit : traître, vous allez périr ou être pris, je vous remettrai entre les mains de Charlemagne. Il donna un coup dans l’écu de Regnaut, et lui, comme un désespéré, le frappa si rudement, qu’il le renversa parterre mort à ses pieds ; il prit ensuite son cheval par la bride et dit à Allard : mon frère, montez sur ce cheval, je vous le donne. Allard remercia son frère du beau présent qu’il lui faisait. Alors il descendit de dessus Bayard et monta sur le cheval d’Emofroid, il le piqua et vint joûter contre un des chevaliers de son père, nommé Alfroi, si rudement, qu’il le tua. La bataille recommença plus fort qu’auparavant, car à ce moment il y eut de tué un des meilleurs chevaliers d’Aymon, qui s’écria : Seigneurs, vengeons la mort d’Emofroid, le bon chevalier que le roi m’avait donné. Quand ses gens l’entendirent ainsi parler, ils se jetèrent comme des furieux sur Allard, lui firent abandonner la place, et si ce n’eût été une petite rivière, Regnaut et ses frères eussent eu beaucoup à faire. Si Regnaut eût eu seulement cinquante chevaliers au passage de la rivière, il eût détruit tous les gens de son père ; mais faute de gens, il fut obigé de quitter la place, et ne put sauver avec lui que qua-