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naisse, consolez-vous : je vous jure, au nom de tous les Saints, qu’avant qu’il soit deux ans, vous aurez votre château qui en vaudra plus de quatre. Partons, car nous n’avons plus affaire ici. Frère, dit Regnaut, j’ai toujours trouvé la prudence dans vos avis ; prenez l’avant-garde entre vous et Guichard ; Richard et moi serons derrière. Sire, dit Allard, soit fait comme il vous plaira. Alors Allard et Guichard se mirent à la tête avec cent chevaliers ; ils mirent les chariots au milieu : Regnaut et Richard venaient après avec le reste de leurs gens ; mais les gens de Charlemagne les aperçurent ; quand le roi sut que Regnaut se sauvait, il fut très-irrité et fit crier aux armes : alors l’armée se mit en mouvement. Quand Allard et Guichard, qui allaient devant, virent qu’ils ne pouvaient passer sans combattre, ils piquèrent leurs chevaux contre Charlemagne. Regnaut prit avec lui vingt des plus vaillans chevaliers et leur dit : prenez ces sommiers et passez devant sans vous arrêter, j’irai aider mes frères. Sire, lui répondirent-ils, nous ferons vos commandemens. Regnaut piqua Bayard et courut dans la mêlée, où il montra toute sa valeur et fit trembler les gens de Charlemagne ; ceux de Regnaut passèrent au-delà de l’armée, et Charlemagne perdit plusieurs de ses gens dans cette journée. Quand Regnaut eut passé, il trouva ses sommiers et les chevaliers qui les conduisaient ; il en fut bien charmé, et dit à ses frères : marchons. Il suivait ses gens avec son frère Guichard. Charlemagne ayant appris que Regnaut s’en allait, fut bien joyeux de ce qu’il avait laissé le château ;