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battait en désespéré. Grand Dieu quel dommage de l’avoir trahi ; car depuis il y eut plusieurs villes et châteaux ruinés, beaucoup de nobles y perdirent la vie ; Le traître Ganelon fit une si grande destruction des gens du duc Beuves, que de deux cents barons qu’il avait amenés, il n’en restait plus que cinquante. Le duc Beuves leur dit : vous voyez que si nous ne nous défendons pas vaillamment, nous sommes tous morts, ainsi il faut que chacun de nous en vaille trois. Alors le duc frappa un chevalier nommé messire Helte, tellement qu’il le renversa mort à terre ; puis cria à haute voix : frappons, barons. La vallée était belle, on entendait le bruit des coups qui retombaient sur les casques ; un nommé Griffon de Hautefeuille frappa le cheval du duc à la poitrine, de manière que le cheval tomba sous lui, en sorte que le duc croyant atteindre le chevalier Griffon, laissa tomber le coup sur le cheval et le blessa ; le comte Ganelon vint alors sur le duc d’Aigreniont et lui passa sa lance au travers du corps, le duc Griffon le jeta dans la foule et lui passa son épée au travers du corps, en disant : voilà la mort de Lohier vengée entièrement. Le traitre Ganelon et le seigneur d’Hautefeuille remontèrent à cheval, ils allèrent contre les gens du duc, qui se rendirent ; car ils n’étaient plus restés que dix ; ils leur firent jurer et promettre qu’ils porteraient le duc Beuves d’Aigremont ainsi que le lion avait fait porter le corps de Lohier à Paris ; lesdits chevaliers promirent de le faire. Ils mirent le corps dans une bière, puis ils se mirent en chemin. Quand ils furent un peu éloignes de la place où