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demander grâce ; nous nous sommes rendus à vos ordres ; j’ai tué votre fils inconsidérément, mes frères et moi nous nous sommes rendus à vous, nous vous servirons de toutes nos forces où il vous plaira nous envoyer, et de toute notre vie ne manquerons de vous être fidèles. Quand le roi le vit devenir si humble, il en eut pitié et lui pardonna la mort de son fils. Alors il leur fut permis de se réunir et de s’embrasser les uns les autres. Ainsi furent apaisés le roi et les barons, par les conseils du duc Naimes ; les trois frères jurèrent et promirent au roi de le suivre quand il l’ordonnerait. Ils prirent congé du roi, qui fit promettre au duc Beuves qu’il reviendrait le servir à la saint Jean prochain. Le roi retourna vers Paris ; et les trois frères retournèrent en leur hôtel, car ils pensaient être bien réconciliés avec le roi.

Un peu avant que la saint Jean-Baptiste arrivât, le roi tenait sa cour à Paris, le duc Beuves ne manqua pas de s’y trouver comme il avait promis ; il partit d’Aigremont avec deux cents chevaliers, et se mit en chemin pour venir vers le roi et le servir où il voudrait l’employer. Comme le roi était à Paris, il vint vers lui le comte Ganelon, Foulques de Morillon, Harare et Beranger ; ils dirent au roi que le duc Beuves d’Aigremont venait avec deux cents chevaliers ; et ils lui dirent aussi : comment pouvez-vous accepter les services d’un homme qui a tué votre fils notre cousin ? Si vous le voulez, nous vous en vengerons. Ce serait trahison, dit le roi, nous lui avons donné sauf-conduit ; toutefois faites à votre volonté ; mais je ne prends rien sur moi ; prenez