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rencontre, et je ferai de lui ce qu’il pense faire de moi. Tout l’or de Paris n’empêcherait pas que je fasse mourir le messager qui me menace, dussé-je être mis en pièces. Lohier lui dit : Je ne vous estime ni redoute. Le duc de Beuves piqué de ces paroles, s’écria : Barons, saisissez-vous de lui, il faut qu’il périsse. Ils n’osèrent s’opposer à ses volontés, ils tirèrent tous leurs épées et se jetèrent sur les gens de Charlemagne. Lohier cria à son enseigne, et commença avec ses gens à se défendre. Ils se battirent dans la salle du palais, et le bruit s’en répandit bientôt par toute la ville, alors si vous eussiez vu les bourgeois et artisans avec des haches et des épées, d’autres avec des bâtons ; ils étaient environ sept mille, mais l’entrée du palais était étroite, et les Français y étaient et les empêchaient d’y entrer facilement. Que ce jour fut terrible et malheureux ! ceux qui avaient moins de force furent obligés de combattre courageusement ; Lohier voyant que ses gens avaient le dessous, frappa un chevalier si rudement qu’il le renversa mort aux pieds de Beuves. Il dit ensuite : Dieu tout-puissant, qui naquîtes du sein d’une vierge et souffrîtes la mort et passion pour racheter l’humanité, daignez me garantir de mort ; je sais bien que si vous ne me secourez, jamais le roi mon père ne me reverra. Le duc Naimes dit à Lohier : Dieu veuille que ce soit aujourd’hui votre fin ! Non dit Lohier ; alors il donna un si grand coup d’épée au duc que le sang coulait dans la salle ; il dit alors : Je savais bien que vous n’en échapperiez pas ; le duc furieux courut sur lui et le frappa si cruellement, qu’il le renversa mort à ses pieds.