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rurent tous vers Maugis et l’embrassèrent. Quand la duchesse sut que Maugis était venu, elle alla aussitôt l’embrasser. On apprit l’arrivée de Maugis par toute la ville, et plusieurs le vinrent voir. Il était si changé, que c’était pitié de le voir. Regnaut dit à sa femme : Chère épouse, allez chercher du linge. Maugis dit : Sire, je vous prie de ne me point donner du linge ni d’habit ; mais faites-moi donner un chaperon, une écharpe de serge et un bourdon fourré et je m’en retournerai, si vous me donnez cela, et je ne suis venu ici que pour vous voir. Regnaut fut fâché d’entendre parler ainsi Maugis. Cousin, lui dit Maugis, cessez votre chagrin, car je me suis donné à Dieu pour sauver mon âme : je retournerai au Saint-Sépulcre pour servir Dieu, et j’y passerai ma peine et viendrai vous revoir ; en suite je me rendrai à mon ermitage où je vivrai de racines comme je vivais avant que je vinsse ici. Regnaut lui dit : Cousin, prenez un cheval avec de l’argent, car j’en ai assez. Grand merci, dit Maugis, je n’en prendrai point, et quand j’aurai du pain, ce sera assez. Je vous prie qu’il vous plaise m’en retourner sain et sauf. Quand Maugis eut pris toutes ses dimensions, il alla le lendemain entendre la Messe, ensuite il prit congé d’un chacun et s’en alla. Regnaut le conduisit jusqu’à la porte de la ville et l’embrassa en pleurant. Maugis partit, et un peu après il fut environné des gens de Charlemagne qui dirent entr’eux, voici l’ermite que nous avons vu passer hier, il est mieux habillé qu’il n’était, dit l’un d’eux, et j’en suis bien content. Ce pourrait bien être Maugis qui nous a trompé, dirent les uns ; certes, dirent les autres,