Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donne, qu’on en pouvait voir les clochers. L’armée de Charlemagne campa et fit faire bon guet toute la nuit. Quand le jour fut venu, il fit camper ses gens et se mit à marcher vers Dordonne. Quand Regnaut vit qu’on l’assiégeait, il jura qu’il ne ferait pas comme à Montauban, mais qu’il irait attaquer Charlemagne, et que s’il pouvait tomber entre ses mains, il n’en aurait pas de pitié. Frère, dit Richard vous parlez en chevalier ; et je vous jure sur ma foi, qu’avant qu’il nous assiège, j’en tuerai plus de cent. Regnaut fit sonner son cor et armer ses gens, ils sortirent de la ville. Il rangea son armée et dit : Mes frères, voici le jour où nous mourrons tous, ainsi je vous prie que chacun se montre vaillant chevalier. Frère, dit Allard, nous ferons notre devoir, et mettez-vous devant quand il vous plaira. Regnaut piqua Bayard et se mit dans les ennemis. Le roi Charlemagne le voyant venir fut surpris et dit : Dieu ! où ont-ils ramassé tant de gens ? car ils sont autant que jamais ; mais si je puis le tenir, je m’en vengerai. Alors il fit ranger son armée et monta à cheval. Regnaut voyant que les deux armées s’approchaient, dit à son frère Richard qu’il voulait parler au roi, pour savoir s’il voulait lui accorder son pardon. Frère, dit Richard, vous ne valez rien, car vous manquez de courage. Je veux y aller, dit Regnaut, et s’il me refuse, il s’en repentira. Frère, dit Allard, vous avez raison. Regnaut piqua Fayard et courut auprès de Charlemagne, auquel il dit : Sire, si c’est votre plaisir, souffrez que nous ayons la paix avec vous, et que cette guerre, qui dure depuis si longtemps, puisse