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son armée, et qu’il lui avait fait plus de dommage que de profit. Je m’en irai volontiers, répondit Aymon ; alors il fit seller son cheval, monta dessus et dit aux douze Pairs de France : Seigneurs, je tous recommande mes chers enfans. Seigneur, dit ensuite le roi, je vous ordonne de faire ôter tous vos engins, car par eux j’ai perdu le château de Montauban. Regnaut resta pour lors quelque temps tranquille ; mais les vivres commencèrent à lui manquer ; alors il dit : Grand Dieu ! que ferai-je donc ? je vois bien qu’à la longue nous ne pourrons plus y tenir, Charlemagne n’aura pas pitié de nous. Ah ! Maugis, que n’êtes-vous ici pour nous empêcher de souffrir tant de peine. Comme Regnaut se plaignait en lui-même, il vit venir Allard qui était si faible qu’à peine pouvait-il se soutenir : il dit à Regnaut : Seigneurs, il faut tuer Bayard, car nous ne pouvons plus résister au besoin. Regnaut vint vers Bayard pour le tuer ; mais quand il vit Regnaut, il commença à lui témoigner de la joie. Regnaut dit : Ah ! pauvre Bayard, si j’avais le cœur de te faire du mal, je serais bien cruel. Quand Yonnet, l’un de ses enfans, entendit cela, il dit à son père : Qu’attendez-vous pour tuer Bayard ? J’enrage de faim, et si je n’ai quelque chose à manger, vous me verrez bientôt mourir avec mon frère et ma mère, car nous ne pouvons résister. Regnaut en tendant parler son fils de la sorte, en eut grande pitié, et d’autre part il n’osait tuer Bayard qui le caressait : il imagina un moyen pour ne point le faire mourir. Il demanda un bassin et saigna Bayard au côté, duquel il sortit beaucoup de sang ; quand