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car il m’a pris par pied et levé et m’a chassé hors du camp, dont je suis irrité : mais puisqu’il en est ainsi, je ne désire plus de vivre ni d’être roi, je vous rends ma couronne, donnez-la à Regnaut et qu’il soit roi de France à ma place.

Quand les douze Pairs de France et les barons l’entendirent parler ainsi, ils en furent si étonnés, que plus un d’eux n’osa dire mot : ils commencèrent à se regarder les uns les autres avec une grande honte. Le duc Naimes, qui avait fait attention aux paroles du roi, lui dit : Sire, à Dieu ne plaise que nous ayons du mépris pour vous par égard pour Regnaut, mais vous devez penser que ce que nous avons fait n’est pas un mal, parce que de bonne part, nous pensions par ce moyen, faire cesser une guerre qui a duré si long-temps, et dans laquelle il est péri bien du monde ; mais nous voyons que vous ne voulez pas faire la paix avec les quatre fils Aymon. Reprenez votre couronne, calmez-vous ; nous vous promettons de vous servir fidèlement, et nous prendrons Montauban avant qu’il se passe un mois ; nous périrons plutôt et ferons périr ceux qui voudraient les épargner. Le roi lui répondit alors : Laissez ceci en paix ; je vous dis que certainement je ne serai votre roi, si vous ne me rendez Regnaut ou Maugis, le méchant qui m’a tant de fois trompé. Olivier arriva alors, et fut si étonné que le roi était dans la tristesse, qu’il lui dit : Sire, de quoi êtes-vous irrité ? Le duc Naimes lui répondit : Le roi nous a tous diffamés, car il a quitté sa couronne et son royaume. Sire, dit Olivier, ne le faites pas, s’il vous plaît, mais reprenez