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chacun une rose à la main ; je vous ferai accompagner par huit de mes comtes le plus honnêtement qu’il me sera possible. Vous trouverez le roi, le duc de Bavière, Oger et les douze Pairs de France ; vous saluerez Charlemagne et lui baiserez les pieds. Il vous rendra toutes vos seigneuries. Sire, répondit Regnaut, je me méfie de Charlemagne, car il vous déleste. Ne craignez rien, lui répondit Yon, il en a fait serment en présence de toute sa baronnie. Sire, dit Regnaut, nous suivrons votre conseil. Que dites-vous, reprit Allard, vous savez que Charlemagne a juré notre perte, s’il pouvait nous prendre ; et je suis surpris que vous accordiez à aller tout désarmé, vous remettre entre ses mains : pour moi je n’irai pas sans armes. À Dieu ne plaise que je m’en rapporte au roi Yon.

Alors il se tourna vers le roi et lui dit : Sire, nous irons, quoi qu’il en arrive, j’espère faire notre paix avec Charlemagne. Alors Regnaut et ses frères prirent congé du roi et allèrent dans la chambre de l’épouse de Regnaut ; aussitôt qu’elle aperçut son mari, elle courut au-devant de lui et l’embrassa. Regnaut lui dit : Je vous aime beaucoup ; votre frère fait tout son possible pour nous procurer la paix avec Charlemagne, ce que n’ont pu faire Roland, Olivier et les douze Pairs de France. Alors la dame lui dit : J’en remercie Dieu ; mais dites-moi, je vous prie, où sera fait l’accord ? Demain nous partons tous quatre aux plaines de Vaucouleurs ; et là on fera la paix, mais il faut que nous y allions sans armes que nos épées, montés sur des mulets et chacun une rose à la main en signe de paix, et